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 Vivre du Jazz part 4

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MessageSujet: Vivre du Jazz part 4   Vivre du Jazz part 4 Icon_minitimeDim 25 Mai - 22:48

Vivre du Jazz part 4


CONCLUSIONS

À la question : « Êtes-vous inquiet ou optimiste sur l’avenir de métier ? »,
Inquiétude générale

93 % des musiciens interrogés affirment être inquiets, voire très inquiets (pour une majorité d’entre eux), sur leur avenir professionnel.
Voilà un pourcentage qui ne trompe pas. Très révélateur de l’état d’esprit des jazzmen français d’aujourd’hui.
Un musicien issu des musiques improvisées précise : « Je suis surtout inquiet de voir la “production” prendre le pas sur l’invention (comme si l’on suivait le modèle catastrophique du cinéma) et les programmations devenir de plus en plus passéistes, nostalgiques et branchouilles, faisant trop de cas des étiquettes et des genres qui par ailleurs se multiplient comme autant de signes de ralliement idiots. »

Un autre ajoute : « Comment ne pas être très inquiet ? En quatre ans, tous les voyants ont viré au rouge. Le désengagement est général, la baisse des cachets notable, les coûts de gestion en constante augmentation. Mon sentiment est que la dégradation est totale et la politique culturelle négative. Le tout est accentué par une baisse du pouvoir d’achat sur les petits et moyens salaires. »

Un dernier précise : « Les problèmes soulevés lors de la crise de 2003 autour de la question de l’intermittence ne sont toujours résolus. La précarité s’est accrue. Les “vrais intermittents” sont victimes du système qui devait les protéger. En plus d’être aléatoire, la course aux cachets est encore plus folle qu’avant. Des salaires qui diminuent, des fonds publics en voie de disparition, le réseau des disquaires décimé par les supermarchés culturels (Fnac…), des sociétés civiles qui mettent du temps à comprendre les enjeux et à optimiser leurs fonctionnements, de moins en moins de producteurs sérieux. Le label vitrine d’un jazz français (Label Bleu) vidé de sa substance, effacé d’un revers de manche, jeté à la poubelle. Un niveau technique des musiciens, certes de plus en plus élevé, mais peu d’actes forts, peu d’expériences innovantes… Pour moi le jazz perd petit à petit de son essence. S’il fallait garder, tout de même, un point de vue optimiste : il faut tout réinventer, optimiser l’existant, être créatif, analyser nos erreurs, imaginer d’autres systèmes… Inventer, imaginer, créer c’est aussi notre compétence ! »
Optimisme modéré

Seulement 7 % des musiciens interrogés affichent, au contraire, un optimisme plus ou moins raisonné ou raisonnable.

Il s’agit pour la plupart de jeunes musiciens qui découvrent le monde du jazz et qui, partant de rien, trouvent toujours des raisons d’espérer un avenir meilleur dans l’exercice de leur vocation. Un musicien affirme son optimisme « parce que cela pourrait être pire ». D’autres « parce que de plus en plus de jeunes musiciens talentueux arrivent et enrichissent de leur talent et énergie créatrice le paysage » ou « parce que ce n’est pas un métier ». Un dernier : « J’ai trop de plaisir à jouer de la musique pour envisager une telle solution. C’est vital pour moi, même si cela doit être dans l’adversité et la précarité. »

À la question : « Avez-vous envisagé d’abandonner votre métier de musicien ? »,

67 % des musiciens interrogés répondent : « Non, jamais de la vie . »

33 % des musiciens interrogés confessent y avoir songé.

Les raisons et les motivations que donnent les musiciens qui ont un jour envisagé d’arrêter leur métier de « jazzman » sont multiples.

Voici quelques morceaux choisis parmi toutes les réponses reçues :
« Par lassitude » • « Parce que c’est la merde totale ! » • « C’est une option qui s’impose à moi de plus en plus comme inéluctable » • « Je l’ai envisagé quand ma femme m’a jeté dehors pour manque d’argent chronique » • « J’ai pensé arrêter souvent, mais pour des raisons exclusivement artistiques, jamais professionnelles » • « J’y pense une fois par an depuis 30 ans » • « J’y pense une semaine sur deux » • « Parfois l’idée m’effleure, mais je la repousse très vite » • « Parfois, parce que je suis souvent découragé par le temps que je passe et perds aux tâches annexes (gérer une association, remplier des dossiers, etc.) » • « Arrêter le métier, souvent, abandonner la musique, jamais ! » • « C’est le métier qui m’abandonne ou, plus précisément, qui me fera l’abandonner par la force des choses » • « J’y pense, surtout depuis que je me suis lancé dans la vie de famille » • « Parce que j’en ai marre de passer mes journées au téléphone au détriment de mon instrument » • « À 40 ans, c’est décidé, j’arrête » • « J’y ai pensé un petit peu et puis j’oublie » • « J’y ai songé, mais j’ai été sauvé par une titularisation inespérée dans un conservatoire » • « Temporairement, pour faire le tour du monde à la voile » • « Quand je serai seulement dans l’obligation de changer de vie » • « Le jour où je n’aurai plus rien à dire, c’est promis, j’arrête ».

L’abandon : un pianiste réputé dans sa région, âgé de 46 ans, vient de décider de franchir le pas et nous annonce qu’il jette l’éponge.

Voici son témoignage : « J’ai bien peur de ne pas être un cas isolé en affirmant que ma vie de musicien professionnel est désormais terminée. Je continuerai, quoi qu’il arrive, à jouer chez moi. Cela fait trop partie intégrante de mon existence. J’ai entamé ma reconversion dans le cadre d’un congé individuel de formation financé par l’Assurance chômage et l’Afdas. J’ai pris cette décision suite à une année 2005 catastrophique sur le plan du travail (annulations à répétition, perspectives quasiment nulles pour l’année suivante) et surtout à une profonde lassitude. Mais aussi avec l’envie chevillée au cœur de m’investir dans le domaine de l’éducation populaire, autre secteur en crise où je milite depuis de nombreuses années. Aujourd’hui je sors quelque peu la tête de l’eau. Je pense avoir trouvé un travail dans le domaine de l’EP. L’année passée a été difficile, mais j’ai la chance d’avoir une compagne qui gagne sa vie correctement. Je quitte la vie de musicien sans amertume. Celle-ci m’a apporté beaucoup de bonheur et provoqué de nombreuses rencontres merveilleuses. J’espère seulement que les jeunes musiciens qui s’aventurent dans cette vie pourront exercer leur talent et connaître la chance qui a été la mienne de jouer cette musique avec d’autres musiciens et musiciennes et ce devant du public. J’espère enfin que mon témoignage sera utile. »
Coda
Persévérance, plaisir et passion

La question qui tue : « Pourquoi, malgré toutes les difficultés que vous affrontez dans l’exercice quotidien de votre “métier”, persévérez-vous à être “musicien de jazz” aujourd’hui ? »

Les trois réponses qui reviennent le plus souvent :
« Parce que j’aime ça »
« Parce que je ne sais faire que ça »
« Parce que c’est vital »

À lire toutes les réponses reçues, il y a trois mots qui s’imposent : passion, plaisir et nécessité. « Musique d’exigence et de liberté », espace de partage et d’échange, le jazz s’affirme comme « un truc organique », « un moteur de vie » ou « un virus immortel ». Et la vocation de musicien « comme le plus beau métier du monde ».

Une pianiste nous propose cette réponse qui résume bien la situation :
« Selon les jours de la semaine :
1- Je me le demande bien !
2- Par névrose obsessionnelle
3- Définition de la persévérance : parce qu’il est malgré tout plus simple de continuer que d’arrêter.
4- Parce que j’aime ça.
5- Parce que je viens d’avoir une idée de morceau ou d’orchestre et que je vais délirer sur cette idée au moins pendant deux jours.
6- Génial : un concert !
7- Par masochisme : combien de temps à attendre avant le prochain ?
Quel beau métier ! »
Florilège des réponses les plus significatives :

« Drogue ou thérapie ? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr c’est que c’est une nécessité intérieure » • « Je persévère parce que je persiste à donner un sens à ma vie » • « La musique me tient en vie » • « J’ai l’audace et l’insouciance de croire que ça marchera un jour » • « La beauté de ce “métier” inclut depuis que je le pratique des difficultés et des risques que je suis déterminé à affronter. » • « Le jazz est pour moi une musique de prise de risque où la plupart des rencontres sont gagnantes » • « Seule la mort et la maladie pourront m’arrêter » • « C’est dans cet univers que je me sens le plus libre pour m’exprimer » • « Cette musique suscite en moi un épanouissement sans limites et me donne l’impression d’aller un plus “haut” chaque jour » • « Vivre, même mal, de sa passion, c’est extraordinaire ! » • « Je crois avoir encore une “fonction” dans cette société » • « Je crois à l’utilité de ma démarche artistique, même s’il m’arrive de la trouver dérisoire dans mes moments de doute » • « Je crois en ma capacité à toucher les gens en racontant mes histoires. J’en ai la confirmation à chacun de mes concerts. Donc, je continue » • « C’est tellement bon de consacrer à 100 % sa vie à sa passion » • « Je continue sans doute parce que je conserve quelques rêves enfouis que je n’arrive toujours pas à libérer » • « Je vais trouver la “chose”, je sens que j’en suis tout proche. Je l’ai même trouvée certains soirs » • « J’ai connu et je connais toujours grâce à la musique de tels instants de bonheur extrême que je ne pourrais plus m’en passer » • « Cette musique quand on la partage sur scène avec d’autres musiciens et un public réceptif offre des sensations magiques » • « Il n’est sans doute pas raisonnable d’être musicien de jazz, mais je le suis et le serai toujours » • « On n’a qu’une vie. Autant la vivre avec swing et émotion. Au diable les profits ! » • « Les personnes les plus généreuses que j’ai rencontrées dans la vie sont pour la plupart des musiciens de jazz » • « Je suis condamné à persévérer et à chercher les plans B pour survivre. Mais c’est la seule musique qui me permet de rester toujours debout face à la tourmente » • « La passion de la musique me tient éveillé »

Une enquète de Pascal Anquetil.
Merci pour ce très instructif travail - Philippe Nasse
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